Erquery sur Wikipédia
Les habitants sont appelés les Ercuriens et les Ercuriennes. Erquery est un village rural picard du Clermontois.
En 1838, Louis Graves indiquait que le territoire de la commune « est traversé du-nord au midi par un vallon dépourvu d’eau ; le chef-lieu est sur la colline à l’ouest de ce ravin; il comprend quatre rues et une large place garnie d’arbres; toutes les pentes du territoire sont exposées au Midi; le pays est d’une culture difficile »
Géologie et relief
La commune s’étend entre 57 mètres d’altitude sur les bords de la Béronnelle, au sud-ouest et 135 mètres aux limites des communes de Lamécourt et de Saint-Aubin-sous-Erquery, au nord-est. Le centre du village se situe à 107 mètres d’altitude et le hameau de Villers à 71 mètres. Le cimetière se trouve à 103 mètres et le bois communal entre 98 et 116 mètres. Le lieu-dit « le Saint-Ladre » se situe à 114 mètres d’altitude2. Le territoire est traversé au nord au sud par un vallon dépourvu d’eau. Le chef-lieu est sur la colline à l’ouest de ce ravin3.
Hydrographie
Le ruisseau de la Béronnelle est le seul cours d’eau présent sur le territoire communal : celui-ci prend sa source à la limite Est de la commune à une station de pompage. Il traverse ensuite le hameau de Villers et passe dans le vallon du fond de Béronne avant de quitter la commune pour rejoindre Fitz-James puis Liancourt où il se jettera dans la Brêche, sous-affluent de la Seine. Une mare se situe au lieu-dit le Saint-Ladre, à la limite de la commune de Fitz-James, au nord-ouest du territoire. Les zones les moins élevées du territoire, dans le fond des différents vallons sont situées au-dessus de plusieurs nappes phréatiques sous-affleurantes.
Typologie
Erquery est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l’Insee. Par ailleurs la commune fait partie de l’aire d’attraction de Paris dont elle est une commune de la couronne. Cette aire regroupe 1 929 communes.
Occupation des sols
À la fin du xixe siècle, le village, situé au sommet d’un coteau, est caché au milieu des arbres. Cinquante-sept maisons y étaient groupées en quatre rues : la Grande Rue, la rue de l’Herbière, la rue du Chemin d’Airion et la rue de Villers. De nos jours, le village n’est plus entouré d’arbres et s’est étendu par quelques lotissements.
Habitat et logement
En 2019, le nombre total de logements dans la commune était de 219, alors qu’il était de 215 en 2014 et de 197 en 2009. Parmi ces logements, 96,3 % étaient des résidences principales, 2,3 % des résidences secondaires et 1,4 % des logements vacants. Ces logements étaient pour 95,4 % d’entre eux des maisons individuelles et pour 4,6 % des appartements.
Voies de communications et transports
Erquery est desservie par une route départementale et quelques routes communales : la route départementale RD 127 reliant Fitz-James à Montiers traverse le village par les rues Jean-Jaurès, de la République et Jules-Ferry avant de rejoindre Lamécourt. La route départementale RD 37 reliant Breuil-le-Sec à Gournay-sur-Aronde passe elle à proximité de la commune et permet de rejoindre l’agglomération de Clermont sans passer par Fitz-James. Deux autres routes communales relient Erquery aux communes voisines : la route de Saint-Aubin permet de rejoindre Saint-Aubin-sous-Erquery et les rues Pasteur et de Villers relient le village à la D 37. La station de chemin de fer la plus proche est la gare de Clermont-de-l’Oise, située à 5 kilomètres environ au sud-ouest, desservie par des trains TER de la ligne TER Hauts-de-France de Paris-Nord à Amiens..
La commune est desservie par le réseau Kéolis Oise du conseil général de l’Oise par une ligne de transports scolaires rejoignant les établissements secondaires de l’agglomération de Clermont. Une navette de regroupement pédagogique intercommunal relie l’école primaire communale aux communes de Saint-Aubin-sous-Erquery, Lamécourt et Rémécourt.
Le sentier de grande randonnée 124A (GR 124A), branche du GR 124 reliant Litz à Orrouy, longe la limite nord-ouest de la commune entre Airion et Lamécourt. Le circuit n° 8 du GEP Centre Oise, appelé circuit des Neuf Fonds traverse une partie du territoire. Partant de Fitz-James, il traverse le lieu-dit le Saint-Ladre puis passe par les rues d’Airion, de la République et Pierre-et -Marie-Curie avant de quitter la commune une première fois par le lieu-dit du Champ sans Fin. L’itinéraire balisé traverse une seconde fois le territoire communal en empruntant plusieurs chemins passant par Villers et le fond de Béronne.
Toponymie
Voici la liste des différents noms de la commune selon l’époque:
- en 1170 : « Ercuri »
- en 1190 : « Hercherii »
- 1286 : « Erqueri » (également appelé « Erqueriacum », « Ercuriacum » ou « Hercherium »)
Moyen Âge
La cure était à la nomination du prieuré de Wariville, qui percevait les grosses dîmes du terroir dès 1170, occasionnant des procès entre le curé et les religieuses.
Le cimetière était autrefois contigu à la ferme de Villers-sous-Erquery : il s’y élevait une chapelle, fondée en 1263, qui était à la nomination de l’évêque de Beauvais. Au xviiie siècle, elle était déjà en ruine.
Temps modernes
Il y avait, entre Erquery et Airion, un hameau, appelé le Bois Saint-Ladre, dont les terres appartenaient à la léproserie de Clermont, mais, en 1641, il n’en subsistait aucune habitation. Au xviie siècle, le village d’Erquery était un petit foyer protestant. En 1711, Jeanne de Saint-Sauflieu, femme du comte de Verpigneulle, vend Erquery au maréchal de Berwick, qui l’unit à son duché de Fitz-James. En 1790, le duc de Fitz-James possède à Erquery une ferme et 822 mines de terre, et le bois d’Erquery, contenant 46 arpents. Erquery est éprouvée par les épidémies au xviiie siècle : en 1780, la fièvre muqueuse y sévit pendant huit mois ; sur 80 feux, moins de dix en restent indemne et 25 habitants meurent en six semaines, dont 7 en deux jours. Heureusement, le maréchal de Fitz-James, seigneur du pays, fait fournir au malheureux bois, linges et médicaments, et en outre une livre de viande par jour de convalescents. En 1783 et 1786, nouvelles apparitions de la fièvre muqueuse, causent 18 morts à chaque fois. On ne sut à quoi attribuer ces épidémies.
Révolution française et Empire
En 1789, le cahier de doléances des habitants d’Erquery réclame : le vote par tête, la réforme du personnel judiciaire, la suppression des huissiers-priseurs, le paiement des impôts par le clergé et la noblesse, comme par le tiers-état, la suppression de la gabelle et des aides, un règlement pour la chasse, la destruction du gibier, quand il est trop considérable, la défense de chasser dans les grains et les vignes, le versement des impôts directement au trésor royal, la suppression des ordres religieux et l’attribution de leurs biens aux bureaux de charité à établir dans chaque paroisse, l’augmentation de la maréchaussée, la défense aux charlatants de s’étaler sur les marchés pour vendre des drogues souvent contraires à la santé, la taxation des honoraires des médecins et du prix des médicaments et l’établissement de barrières de péage sur les routes. Les députés de la paroisse à l’assemblée du bailliage de Clermont sont : François Beauvais, laboureur, et François Delachapelle, vigneron. La ferme et les terres du duc, confisquées, sont vendues.
Époque moderne
Les coteaux du terroir d’Erquery, tous exposés au sud, se prêtaient à la culture de la vigne; aussi le vin d’Erquery était le plus renommé après celui de Clermont. Les vignes, qui occupaient encore 20 hectares en 1789, réduites successivement à 6 hectares en 1815 et à 1 hectare en 1836, ont complètement disparu. La commune de Saint-Aubin-sous-Erquery, annexée à celle d’Erquery en 1828, en fut séparée en 1833. En 1836, une carrière était exploitée sur le territoire communal, et la population vivait uniquement de l’agriculture, ce qui était toujours le cas en 1890. La ferme de Villers-Sous-Erquery, située au sud du village, formait alors une dépendance de l’hôpital pyschiatrique de Clermont ; 110 malades étaient occupés dans cette exploitation aux divers travaux agricoles.
Intercommunalité
Erquery est membre de la communauté de communes du Clermontois, un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre créé en 2000 et auquel la commune a transféré un certain nombre de ses compétences, dans les conditions déterminées par le code général des collectivités territoriales.
Enseignement
Les enfants de la commune sont scolarisés avec ceux de Saint-Aubin-sous-Erquery, Lamécourt et Rémécourt dans le cadre d’un regroupement pédagogique intercommunal créé en 1998. Le village possède une école élémentaire comprenant des classes de maternelles et de CP. La classe de CE1-CE2 est située dans l’école de Saint-Aubin-sous-Erquery et la classe de CM1-CM2 est à Lamécourt.
Santé
Erquery accueillait une annexe de l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise, abandonnée après la Seconde Guerre mondiale. En 2011 est inaugurée la Maison d’accueil spécialisée (MAS) d’Erquery, un établissement d’accueil aux handicapés qui relève du centre hospitalier isarien (CHI), à quelques mètres de l’ancienne annexe de l’hôpital de Clermont. L’hôpital général de Clermont est l’hôpital le plus proche du village mais on peut noter l’hôpital de Beauvais qui est situé à 28 kilomètres et l’hôpital de Compiègne à 25 kilomètres.
Démographie
L’évolution du nombre d’habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l’Insee. En 2020, la commune comptait 595 habitants, en diminution de 3,88 % par rapport à 2014
Une communautés d’Emmaüs est implantrée depuis 2005 à Erquery, pouvant accueillir, depuis une extension intervenue en 2021, 35 compagnons
Cultes
Pour le culte catholique, l’église d’Erquery fait partie de la paroisse de Clermont-de-l’Oise dont l’église mère est l’église Saint-Samson de Clermont.
Lieux et monuments
On peut signaler :
- L’église, dédiée à Notre-Dame, située ruelle de l’Église : une seule fenêtre du chœur et les contreforts peuvent être rapportés au xvie siècle. Elle ne possède pas de transept. Le portail, reconstruit en 1828, supporte le clocher, reconstruit la même année est couvert d’ardoise ; il a été restauré en 1957.
- L’intérieur est lambrissé ; on y descend par deux marches. Une statue de la Vierge à l’Enfant surnommée la Vierge aux raisins située à l’intérieur l’édifice y est classée monument historique.
- Le monument aux morts, rue Pasteur.
- Croix, à côté du monument aux morts.
- Calvaire en bois, route de Fitz-James.
- Le clocher en ardoise de l’église.
- Le portail de l’église.
- Le monument aux morts.
- Petit calvaire.
- Grand calvaire.
Télécharger les PDF de l’histoire d’Erquery (Travaux de recherche de Masaï MEJIAZ)
L’EGLISE D’ERQUERY ET SA CLOCHE
L’église Notre-Dame d’Erquery est dédiée à la Nativité de la Sainte Vierge, célébrée le 8 septembre dans le calendrier liturgique chrétien. Cette église, dépourvue de transept, fut construite autour du XVIème siècle, elle ne présente cependant pas un grand intérêt archéologique.
Seule la fenêtre du chœur contenant le vitrail de la Nativité, les contreforts et une statue sont attribués au XVIème siècle. La statue en question, la Vierge à l’Enfant dite Vierge aux raisins, est classée monument historique. Elle serait de la première moitié du XVIème siècle sauf la tête de l’enfant qui a été refaite au XIXème siècle.
Les engoulants présents sur les poutres centrales de la nef remontent certainement aussi au minimum au XVIème siècle. Un engoulant est une extrémité sculptée d’un entrait (pour utiliser le terme de charpente), figurant une gueule animale avalant la poutre. Présents aux deux extrémités de l’entrée, il s’agit à Erquery de têtes de dragon. C’est en effet sur ce champ ornemental que l’Enfer est traditionnellement localisé dans les sanctuaires. L’entrée en étant symbolisée par la béance des gueules qui s’apparentent à celle du Léviathan. Ces têtes monstrueuses symbolisant le mal sont en fait neutralisées par la poutre (entrait). Ainsi, elles ne peuvent plus nuire et sont même contraintes, en pénitence, de soutenir la poutre de l’édifice.
Le clocher couvert en ardoises et le portail qui le supporte ont été reconstruit en 1828. La cloche, quant à elle, est la pièce la plus intéressante de l’édifice grâce à l’épigraphe que nous pouvons y lire tout autour. Voici ce que nous pouvons y lire :
LAN 1764 IAY NOMMEE AUGUSTE PAR MESSIR IACQUES
CHARLES FITZIAMES MARQUIS COLONEL COMMANDAT DU
REGIMANT DE BERVIC INFANTERIE HIRLANDOISE ET PAR
DAME LAURE AUGUSTE DE FITZIAMES PRINCESSE DE CHIMAY
GRANDE DESPAGNE DAME DU PALAIS DE LA REINE ET
BENIT PAR MTRE GERMAIN GAUTIER CURE DERQUERIE
ISIDORE GAUTIER MARGUILIER EN CHARGE
LES HANRIOT NOUSN T FAITTE
E.L
Ces quelques lignes nous renseignent sur une pratique peu connue vis-à-vis des cloches. En rythmant la vie quotidienne, tant profane que sacrée, les cloches sont traditionnellement considérées comme des personnes à part entière. Lors de leur inauguration, une cérémonie religieuse leur est généralement consacrée, appelée «baptême», «bénédiction» ou «consécration». Elles reçoivent alors un nom et il leur est même désigné un parrain et une marraine. Ces baptêmes sont généralement consignés dans les registres paroissiaux, mais nous n’en trouvons aucune trace dans celui d’Erquery. Nommée Auguste, la cloche d’Erquery fut baptisée en 1764 par le curé Germain-Guillaume Gautier, cette cérémonie est une des dernières qu’il fit dans cette paroisse où il officiait depuis 1749. Cette Auguste eut pour parrain.
L’inauguration d’une cloche, parfois précédée de son moulage et de sa fonte sur la place du village, était certainement un grand événement. La cloche de notre village est l’œuvre des membres d’une même famille nommée Hanriot, ils étaient originaires de Lorraine comme la plupart des fondeurs de cloches ambulants.
Une cloche ancienne comme celle d’Erquery constitue ainsi un témoignage historique par l’épigraphie qu’elle porte mais aussi un témoignage sonore car son matériau n’évolue pas dans le temps. La sonorité de la cloche que l’on entend aujourd’hui est celle qu’entendaient nos aïeux. La sonnerie des cloches a été durant des siècles un élément structurant du paysage sonore des campagnes et en même temps un vieil objet de litige.
Certains l’appréciaient… D’autres, moins…
Masaï MEJIAS
« Les cloches au rire argentin
en branle du soir au matin
sont l’âme des petites villes »
Claude Gellée, dit Le Lorrain (1600 – 1682)
« Persécuteurs du genre humain
qui sonnez sans miséricorde
que n’avez-vous au cou la corde
que vous tenez entre votre main »
Gilles Ménage (1613-1692)
L’ancienne église d’Erquery
Les éléments les plus anciens de l’église Notre-Dame d’Erquery dataient du XVIème. Ce qui nous laisse penser que sa construction est de la même période, faute d’avoir d’autres indices. Peut-être cela n’a-t-il pas échappé à quelques-uns d’entre vous que c’est donc assez récent comme fondation ? Et, en effet, Erquery avait une autre église avant et bien plus ancienne, presque antique.
Cet édifice religieux, d’une taille plus modeste que l’église que nous connaissons aujourd’hui, se trouvait au-dessus de l’actuelle ferme de Villers, au milieu de ce qui était l’ancien cimetière d’Erquery. C’est sur les cartes d’État-major, datant du milieu du XIXème siècle, qu’il apparait une dernière fois, à l’état de quelques pans de murs. La chapelle dite de « Saint-Aubin » était déjà mentionnée comme étant en ruine au XVIIIème siècle.
Un des indices que nous ayons pour essayer de dater la première église d’Erquery est le nom de son patron : Saint-Aubin Évêque d’Angers, décédé vers 550, il est l’objet d’un culte très populaire dès sa mort, profitant des miracles accomplis sur son tombeau et relatés par Grégoire de Tours et Venance Fortunat. Cette église pourrait ainsi avoir été édifiée au début de l’époque mérovingienne. Le fait que le village voisin de Saint-Aubin-sous-Erquery porte le nom de son saint-patron suggère que ses premiers habitants la fréquentaient également, ce qui n’est pas vraiment étonnant. Les premières églises rurales, étant donné la dispersion de l’habitat, n’étaient pas forcément bâties dans les villages. L’idée était de pouvoir desservir le plus grand nombre de paroissiens. Pour cela, elles étaient bien souvent érigées sur des points plus centraux, à l’intérieur de circonscriptions dont nous ignorons totalement le nom et la nature.
Au sein de ces paroisses encore très vastes, certains habitants devaient faire d’assez longues distances pour se rendre dans ces édifices cultuels. Ces derniers ne devaient pas connaître une très grande fréquentation et étaient surtout destinés aux cérémonies les plus importantes de la vie chrétienne et à abriter les objets du culte. Ce qui explique leurs dimensions modestes. En général, ces petits édifices isolés connurent un abandon progressif au début de notre millénaire, avec la construction de grandes églises au centre du village. C’est le cas à Erquery, même si cela semble tardif, et l’église nouvelle adopte un nouveau patronage : Notre-Dame.
L’ancienne église est donc reléguée au rang de chapelle, toujours entourée du cimetière qui reste en activité. Les registres paroissiaux d’Erquery indiquent que des personnes sont inhumées à l’intérieur même de la chapelle jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. En 1869, ce cimetière, abandonné depuis une dizaine d’années, fait désormais partie de la colonie de Villers (encore une autre histoire cette colonie…), une annexe de l’hôpital psychiatrique de Clermont. Et les frères Labitte, les propriétaires, font niveler le terrain pour en faire une cour.
C’est durant ces travaux que la chapelle est entièrement détruite et que le terrain de l’ancien cimetière se révèle être un véritable ossuaire sur deux mètres d’épaisseur. Plusieurs époques d’inhumations sont en fait superposées au-dessus du banc crayeux dans lequel sont découvertes des sépultures gallo-romaines datant du IVème siècle.
Ces découvertes donnent à ce site cémétérial un caractère exceptionnel car il en résulte qu’il a été utilisé sans interruption de l’époque gallo-romaine païenne jusqu’au XIXème siècle. Ce cas rare pourra être l’objet d’un article, dans un prochain bulletin municipal et nous aidera à comprendre le processus de christianisation des environs d’Erquery et le lien entre les deux églises qui s’y sont succédé.
Masaï MEJIAS
Le cahier de doléances d’Erquery de 1789
Le cahier de doléances d’Erquery est un des documents les plus remarquables que l’on puisse trouver sur notre village aux archives départementales . Nous n’avons pas la place ici pour l’analyser méticuleusement, nous nous contenterons d’en sortir les informations principales qui nous renseignent sur les habitants d’Erquery et leurs aspirations à la veille de la Révolution. Commençons d’abord par rappeler ce qu’est un cahier de doléances.
La rédaction de cahiers de doléances et leur envoi au Roi remonte au moins au XVe siècle. Il s’agit du mode normal de communication entre les ordres, les corps et les communautés du royaume d’une part, et le pouvoir souverain, d’autre part. Ces cahiers sont destinés aux États généraux qui rassemblent les trois ordres de la société (noblesse, clergé et Tiers-état) alors uniquement convoqués par le Roi.
Les cahiers sont rédigés par les ordres dans chaque baillage (on parle de sénéchaussée dans le Sud du royaume) qui est la circonscription la plus généralement choisie comme unité électorale. Des assemblées d’ordre se tiennent au chef-lieu de chaque baillage, à Clermont pour notre village. Ils y réunissent et examinent tous les cahiers de doléances de chaque ordre de chaque paroisse pour les fondre en un seul cahier. Ce sont ces cahiers généraux qui sont finalement portés au Roi. Ensuite, après examen en conseil, le Roi répond aux doléances devant les chambres des ordres.
En juillet 1788, le roi Louis XVI (1754-1793) annonce la réunion des États Généraux pour l’année suivante. La dernière convocation des États Généraux par un Roi, remontait alors à 1614…
Les assemblées locales, chargées de rédiger les cahiers de doléances, se réunissent en février et mars 1789. Celle d’Erquery a lieu le jeudi 5 mars 1789. La paroisse d’Erquery fait alors partie de la Généralité de Soissons, de l’élection de Clermont, du Diocèse de Beauvais, de l’archidiaconé de Breteuil et du doyenné de Pont-Sainte-Maxence .
L’assemblée de la paroisse d’Erquery du 5 mars 1789 est présidée par le duc de Fitz-James, elle a pour députés François Delachapelle (vigneron) et François Beauvais (laboureur) qui est également le syndic du village. Le curé François Fasquelles et un présentateur, la prieure de Wariville, sont aussi présents. Enfin, pour représenter les habitants, les chefs de famille des 75 « feux » du village sont censés participer, mais seuls 26 sont présents.
Le nom et la profession de chaque chef de famille sont indiqués dans le cahier. La plupart des noms de famille mentionnés existent encore aujourd’hui dans le village ou dans les environs. Sur les 75 « feux » de 1789, les trois noms de famille les plus répandus parmi les chefs de famille sont alors Delachapelle, Lemaire et Morel avec respectivement 9, 8 et 7 porteurs. Pour ce qui est des professions, nous trouvons, pour les plus nombreux, 34 vignerons, 16 manouvriers, 5 laboureurs. Il y a aussi un berger, un maçon, un tailleur, un tonnelier, un cordonnier, un buraliste ou encore un maître d’école qui enseigne à Saint-Aubin. Les vignerons sont sans conteste les plus présents. Les coteaux sud du village étaient en effet encore largement occupés par des vignes qui donnaient alors, soi-disant, un bon vin. En tout cas, meilleur que celui de Clermont. D’ailleurs, sur les 26 chefs de famille présents le 5 mars 1789, 21 sont vignerons, on pourrait presque parler d’une assemblée de vignerons.
Leur cahier commence ainsi : « Puisqu’il nous est permis de franchir l’espace immense qui nous sépare du throne (sic) et d’y porter nos remontrances, plaintes et doléances, nous, habitans (sic) de la paroisse d’Erquery soussignés, avons arrêtés de faire nos représentations ainsi qu’il suit » et s’ensuit 18 paragraphes contenant chacun une doléance.
Nous allons seulement en dégager les grands thèmes. Sur ces dix-huit points : six sont des plaintes contre la fiscalité, ils déclarent notamment que « le peuple est écrasé d’impôts, il ne […] reste donc pour ressource, dans les circonstances critiques qu’éprouve l’État, que d’y assujettir le clergé et la noblesse : les raisons que ces deux corps allèguent pour s’en dispenser ne sont plus recevables pour le temps présent » ; cinq points demandent plus de justice, dénonçant spécialement les « injustices que commettent les huissiers priseurs en multipliant inutilement leurs vacations, ce qui ruine la veuve et l’orphelin » ou demandant qu’on leur donne « des juges qui aient les mœurs, la probité et la capacité requises » ; enfin, deux points réclament plus de représentation politique pour leur ordre, le Tiers-état. Ils y demandent le vote par tête, et non par ordre, aux États-généraux et la liberté de nommer des représentants pris dans leur corps pour les assemblées provinciales. Les autres points sont des requêtes uniques où ils se plaignent par exemple du gibier qui ruine leurs terres et demandent « qu’il soit deffendu (sic) strictement aux seigneurs de chasser par eux-mêmes ou de faire chasser dans nos grains quand ils sont grands ainsi que dans nos vignes ». Pour les nobles, la chasse semble être juste un « vain plaisir » et, apparemment, ils endommageraient davantage les récoltes qu’ils ne tuent réellement le gibier. Nous trouvons également une doléance réclamant plus d’accès aux soins et une autre où ils se plaignent au contraire des charlatans qui s’étalent pour « vendre des drogues souvent contraires à la santé des peuples et soustraire leur argent en abusant de leur crédulité ». Il y a également une doléance où ils estiment que « la tranquillité publique n’est pas assez surveillée » ou encore une autre où ils proclament que « les biens de l’Église sont le patrimoine des pauvres » et qu’il « seroit à désirer que les biens des ordres religieux supprimés fussent emploié (sic) à établir dans chaque paroisse des bureaux de charité ».
Voici donc, dans les grandes lignes, à quoi pouvait ressembler un cahier de doléances, en l’occurrence ici celui d’Erquery, dont la plupart des doléances pouvaient se retrouver dans les cahiers des autres paroisses du royaume. De mémoire d’hommes, cela devait être la première fois qu’il était proposé aux paroissiens de s’exprimer sur leurs souhaits et leurs misères. Ils ne le savent pas encore mais la monarchie absolue de droit divin a alors amorcé un processus qui conduit à sa chute quelques mois plus tard. La réunion des États généraux commence le 5 mai 1789 à Versailles. Les députés du Tiers-état se constituent en Assemblée nationale le 17 juin et appellent le Clergé et la Noblesse à les rejoindre. Devant la résistance du Roi et sentant une impasse politique se pointer à l’horizon, les députes font serment le 20 juin, dans la salle du Jeu de paume, de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une constitution.
L’atmosphère est électrique. Moins d’un mois plus tard, le 14 juillet, le peuple parisien prend la Bastille d’assaut, la révolution est en marche. En août, dans la nuit du 4 au 5, l’Assemblée nationale abolit les privilèges, mettant fin au système féodal, et elle vote la Déclaration des droits de l’homme le 26.
La suite, normalement, vous la connaissez.
Masaï MEJIAZ
1 Vous pouvez consulter le document original aux archives départementales de l’Oise (cote : 1 Cp 531) ou sa reproduction dans cet ouvrage : Hélène SIMON, Cahiers de doléances des pays de l’Oise en 1789 : bailliage de Clermont-en-Beauvaisis, Archives départementales de l’Oise, 1996.
2 Les communes, cantons et départements sont créés dans les mois qui suivent la Révolution.
3 Il n’y avait pas de recensement comme aujourd’hui, par tête, mais par « feu », c’est-à-dire par foyer. Un « feu » réuni en moyenne quatre ou cinq individus. Ce que semble confirmer, pour Erquery, le premier vrai recensement de 1793, soit quatre ans après, qui comptabilisait 300 habitants.
4 Il faut ici entendre par « drogues », des médicaments.
Liste des Maires à ERQUERY depuis la révolution 1789
- 1789 à 1792 : François Beauvais
- 1792 à An VIII : Louis Lesueur
- An VIII à 1820 : François Beauvais (fils du précédent)
- 1820 à 1840 : Pascal Boullanger
- 1840 à 1849 : Jean-François Porché
- 1849 à 1865 : Charles Masse
- 1865 à 1876 : Charles Dumont de Sainte-Croix
- 1876 à 1881 : ?? Auguste Estoret
- 1881 à 1887 : François-Henri Delachapelle
- 1887 à 1888 : François-Stanislas Delachapelle
- 1888 à 1909 : Oscar- ??Éric Delachapelle
- 1909 à 1923 : Joseph-Arthur Morel
- 1924 à 05/1935 : Joseph-Jules Delachapelle
- 05/1935 à 09/1938 : Georges Sauvage
- 09/1938 à 12/1941 : Jules Adam
- 1941 à 1944 : Pas de maire
- 12/1944 à 05/1945 : Gabriel Gosse
- 05/1945 à 12/1950 : Irénée Lagache
- 12/1950 à 03/1971 : Henri Evrard
- 04/1971 à 03/1983 : Jeanne Vandewalle
- 03/1983 à 02/1989 : Michel Hardiviller
- 03/1989 à 06/1994 : Jules Planques**
- 07/1994 à 03/2008 : Michel Le Callonec
- 04/2008 à 03/2020 : Gilles Mouret (réélu en 2014)
AN VIII = 13/12/1799 – Abrogation en 1802